Hello les filles et les garçons !
Aujourd'hui, je vous propose un peu de pédagogie à l'occasion de la nouvelle campagne de la Charte des auteurs et illustrateurs pour la jeunesse à laquelle j'ai apporté ma modeste contribution.
À travers cette part de galette, c'est bien le partage équitable des droits que nous visons. Le rapport Racine de 2019 a montré la dégradation des conditions de vie des auteurs, illustrateurs, traducteurs, nous qui sommes à l'origine des ouvrages. Le secteur se précarise, ce n'est pas bon signe pour la culture.
L'édition en chiffres:
En France, nous sommes 270000 artistes auteurs, dont 11000 dédiés à la jeunesse.
Notre activité crée de la valeur: le chiffre d'affaires des éditeurs jeunesse est estimé à 411 millions d'euros en 2021. La jeunesse représente le troisième segment en valeur (après la littérature et la bande dessinée), et c'est un un secteur en progression.
Sur un livre de 10€:
Les auteurs se partagent 10%, soit 1€
L'éditeur reçoit 20%, soit 2€
L'imprimeur reçoit 10%, soit 1€
Le diffuseur et le distributeur se partagent 20%, soit 2€
Le libraire reçoit 35%, soit 3,5€
L'état reçoit 5,5%, soit 0,5€
En jeunesse, les 10% se ventilent entre l'auteur et l'illustrateur. Il arrive parfois qu'intervienne un troisième larron: le directeur de collection (qui se trouve alors associé aux auteurs 😮) ! C'est vraiment peu. Les relations avec les éditeurs sont encore trop souvent à sens unique, les contrats, peu avantageux, d'autant que nous, auteurs, ne bénéficions toujours pas d'un statut clair.
Nombre d'entre nous sommes régulièrement confrontés à des problèmes sociaux. Nous avons les plus grandes difficultés à nous faire entendre des administrations (URSSAF, assurance maladie, centre des finances publiques, etc.). Les retraites sont basses ou inexistantes. Les droits sociaux (indemnités journalières, congés payés), idem. Bref, le secteur de l'édition est un chantier à ciel ouvert: il y a encore beaucoup à faire et l'accord interprofessionnel du 20 décembre 2022 est loin de proposer des avancées significatives. (https://ligue.auteurs.pro/wp-content/uploads/2022/12/accord-du-20-decembre-2022.pdf)
À titre personnel, je suis à mon bureau toute l'année, ne prenant quasiment jamais de congés. Lorsque le week-end je participe à un salon - salon la plupart du temps défrayé mais non rémunéré -, j'enchaîne le lundi sans m'autoriser la moindre coupure: j'ai des commandes à honorer !
Pour reprendre le slogan de l'an dernier de la Charte: créer est un métier. C'est s'astreindre à des horaires de bureau afin de proposer des créations originales de qualité, c'est travailler avec de bons outils, qui ont un prix et qui doivent être amortis, c'est libérer son esprit des soucis matériels autant que faire se peut afin que l'imagination se débride...
Recherches documentaires, changement d'orientation - voire de thème ! -, bible de personnages, plan, ébauche de l'histoire, écriture, réécriture, coupures, augmentations, corrections diverses et variées, derrière chaque ouvrage se cachent des heures de labeur insoupçonné.
Les auteurs ne vivant pas d'amour et d'eau fraîche, je suis pour un partage de la valeur proportionnel et approprié.
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